
Ce n’est pas exactement un voyage immobile, puisqu’il faut forcément marcher un peu. Mais c’est une expérience qui peut vous emmener loin, très loin. Arpenter la vallée du Pressoir, c’est s’autoriser à découvrir des choses que l’on ne voit nulle part ailleurs. Ou presque.
Ce royaume naturel d’une trentaine d’hectares porte le nom du ruisseau qui la traverse, avec au passage l’impressionnante cascade de Pommiers, avant d’aller se jeter dans le Thouet. Un ruisseau lui-même baptisé ainsi en raison du château tout proche, dans lequel les ducs de la Trémoïlle faisaient jadis presser leur vin…
Blottie entre Saint-Jacques-de-Thouars, Mauzé-Thouarsais et Sainte-Radegonde, la vallée du Pressoir conjugue de nombreuses particularités. Notamment celle d’être une rareté géologique. Elle se situe en effet à l’exacte frontière entre les plaines céréalières et le bocage, constituant ainsi un véritable marqueur géographique et géologique. La rencontre entre un ancien océan (les plaines), au sol calcaire, et une très vieille chaîne de montagne (le bocage), essentiellement granitique, ne pouvait que faire des étincelles… La flore a profité de cette aubaine minérale.
Mûres, églantiers, origan, serpolet, ail ou sauge sauvage… Tous ces végétaux relativement connus, aux indéniables qualités gastronomiques voire médicinales, trouvent leur bonheur dans ce petit coin de paradis. Mais des espèces aux noms plus intrigants font également leur nid ici, telle la gagée de Bohème. Cette petite fleur semblable au lys, qui ne fait pas plus de 4 cm de haut, fleurit en plein hiver. Le Thouarsais et l’Argentonnais sont les seules régions de l’Ouest où l’on trouve cette rareté.
L’ophioglosse des Açores en est une autre. Petite fougère aux feuilles ovales, elle recèle ses spores dans sa tige, contrairement à une fougère classique qui, elle, les diffuse grâce à ses feuilles. Preuve que la réputation des plantes de la vallée dépasse ses frontières : des botanistes viennent régulièrement étudier toutes ces espèces.
La faune n’est pas en reste. En vedette, la genette, un mammifère carnivore discret (et protégé) aux allures de chat. On en dénombrait sept ou huit spécimens dans la vallée.
On recense également des blaireaux, ainsi qu’une grande variété d’oiseaux, à l’image de ce majestueux couple de milans royaux. Anecdote savoureuse (et véridique !) : les adeptes de course à pied, qui trouvent forcément leur bonheur sur les sentiers de la vallée, sont parfois importunés par les attaques aériennes d’un rapace téméraire. Une note originale dans l’authentique symphonie naturelle qui se joue, depuis la nuit des temps, dans la féconde vallée du Pressoir.