
Aurore Gorius, journaliste sur le site Les Jours, auteure de la série « Lobbies, le pouvoir des couloirs ».
Aurore Gorius : « Il y a eu trop d’opacité pendant longtemps en France. On en sort à peine. Mais on ne sait toujours pas qui finance les campagnes électorales ». © Radio France / France Inter
‘Il y a un fort soupçon sur la majorité En Marche. Déjà sur les 13 millions levés par Macron pendant la campagne, la loi n’oblige pas les donateurs à se désigner. Macron est arrivé au pouvoir en promouvant la société civile, donc on a au gouvernement un ex-lobbyiste d’Areva, la DRH de Danone, ou une lobbyiste du vin ; on a une grande porosité entre la sphère publique et la sphère privée. ’
Les lobbyistes sont actifs auprès de l’assemblée nationale. C’est le cas pour les amendements écrits par eux-mêmes et déposés tels que par les députés.
Depuis 2016 il y existe à l’Assemblée Nationale un registre des lobbies. Les lobbies déclarent leurs dépenses et leurs clients. 1600 sont inscrits, mais il y en 4 ou 5 fois plus, ça ne marche que pour les rencontres dans l’enceinte de l’hémicycle.
Aurore Gorius :
Les petits cadeaux, c’est la vieille école, mais ça existe encore. Ce sont par exemple des places aux premières loges dans des compétitions, invitations à des repas… ça passe moins bien. Il y a du lobbying purement argumentaire. Mais ce qui se fait parfois c’est le chantage à l’emploi.
Dans le cas des activités de Thierry Coste, le lobbyiste de la fédération des chasseurs, il faut rappeler qu’il dit qu’il est le conseiller officieux d’Emmanuel Macron.
‘C’est un mélange des genres, c’est là que se nichent toutes les collusions et tentatives d’influence. ’
Hulot fut lobbyiste ? C’est une tactique des lobbies pour se défausser. Il y a lobby et lobby. Les très riches, qui sont au service des grandes entreprises, certaines disposent même de services entiers et des agences dédiées à cette activité. Cela est sans commune mesure avec celui des ONG.
Le tabac, la pharmacie sont les lobbies les plus puissants.
Thierry Coste, le lobbyiste au tableau de chasse politique bien rempli
Publié le mardi 28 août 2018 à 11h09
par Julien Baldacchino@Gubalda
Il est celui qui a fait craquer Nicolas Hulot par sa présence lors d’une réunion à l’Elysée lundi. Thierry Coste, représentant de la Fédération nationale des chasseurs, conseille dans l’ombre les dirigeants politiques depuis trente ans, pour les intérêts des chasseurs français.
Thierry Coste, 62 ans, est dans l’entourage des dirigeants depuis 30 ans © AFP / Yann Castanier | Hans Lucas / Hans Lucas
Si Nicolas Hulot assure que la réforme de la chasse n’est pas l’unique élément qui a décidé sa démission, la réunion qui s’est tenue lundi à l’Elysée en présence d’un lobbyiste représentant les intérêts des chasseurs semble avoir été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Au cours de cette réunion, ont été entérinées à la fois la diminution de moitié du prix du permis de chasse et l’autorisation de chasser six nouvelles espèces d’oiseaux.
Ce mardi sur France Inter, Nicolas Hulot a raconté :
‘On avait une réunion sur la chasse, avec une réforme qui peut être une réforme importante pour les chasseurs mais surtout pour la biodiversité. Et j’ai découvert la présence d’un lobbyiste, qui n’était pas invité à cette réunion, et c’est symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir.’
“Je parle de Thierry Coste, à qui j’ai dit très frontalement qu’il n’avait rien à faire là, qu’il n’était pas invité”, a-t-il répondu à Léa Salamé qui l’interrogeait sur l’identité de cet homme d’influence.
Dans l’influence de tous les dirigeants depuis Chirac
Ancien agriculteur, aujourd’hui âgé de 62 ans, Thierry Coste agit pour le compte de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), où il assure les fonctions de “conseiller politique”, et du Comité Guillaume Tell, représentant des utilisateurs d’armes à feu en France, dont il est le secrétaire général. Et il assume parfaitement son rôle d’influence auprès des sphères du pouvoir. Dans un portrait que L’Obs lui consacrait lundi, il raconte : “J’ai participé à une caméra cachée pour TF1 à l’Assemblée nationale. Le journaliste a interviewé un député dans la salle des Quatre-Colonnes disant gravement : “Il n’y a pas de lobbies ici…” Et moi, j’étais juste à côté !”
Depuis les années 1980, il conseille, plus ou moins dans l’ombre, tous les dirigeants politiques. Dans un autre portrait, écrit en début d’année, Le Monde retrace son tableau de chasse politique : des campagnes aux côtés des perdants (Jean Saint-Josse de CPNT en 2002, Philippe de Villiers en 2007, Nicolas Sarkozy en 2012 et François Fillon en 2017), puis un rapprochement avec les plus hautes sphères du pouvoir : depuis Jacques Chirac, cet ancien trotskiste a apporté son influence à tous les locataires de l’Elysée.
https://www.youtube.com/watch?v=4wBzP8fdS8g
https://www.youtube.com/watch?v=trfO4vgLkkU