
Le Centre d’études biologiques de Chizé (Deux-Sèvres) étudie l’impact du changement climatique sur la biodiversité. Sa localisation permet des recherches à grande échelle, en milieu naturel.
Méconnu du grand public, le Centre d’études biologiques de Chizé (CEBC) célèbre ses 50 ans. L’histoire de cette station de recherche en écologie est « improbable ». Ses travaux les plus récents ont pourtant marqué les esprits, notamment ceux publiés au printemps avec le Muséum national d’histoire naturelle de Paris et consacrés aux oiseaux des campagnes françaises — leurs populations se sont effondrées d’un tiers en quinze ans.
Perdu dans une forêt domaniale au sud de Niort (Deux-Sèvres), ce pôle d’excellence du CNRS et de l’université de La Rochelle (Charente-Maritime) est unique en France, voire en Europe. « C’est un laboratoire d’écologie de terrain », résume Christophe Guinet, son directeur. Ici phosphore près d’une centaine de chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens et d’étudiants, dans d’anciens baraquements de l’armée états-unienne reconvertis en laboratoires.
Au cœur d’une réserve biologique intégrale de 2 600 ha
Fermée après la sortie de l’Otan décidée par de Gaulle, cette ancienne base américaine offre depuis 1968 une position idéale aux scientifiques du CEBC, installés au cœur d’une réserve biologique intégrale de 2 600 ha. L’intérêt ? Etudier les impacts des changements climatiques et environnementaux sur la biodiversité, dans son propre milieu. « Trois générations de chercheurs se sont succédé au CEBC. C’est notre force : posséder de longues séries de données scientifiques susceptibles de mettre rapidement en lumière le moindre changement », explique Christophe Guinet.
L’une des trois équipes du centre travaille ainsi sur l’influence des pratiques agricoles sur la biodiversité, à grande échelle et en lien avec 450 agriculteurs. Près de 12 000 parcelles permettent des tests et observations grandeur nature. Une autre équipe, dirigée par Olivier Chastel, planche sur l’adaptation des espèces. « Comment les stresseurs — polluants, modification de l’habitat, changement climatique — affectent les oiseaux, reptiles ou amphibiens », décrypte-t-il. Olivier Chastel travaille, entre autres choses, sur l’effet du glyphosate sur les têtards. « Ces effets sont déroutants, nous observons de fortes mortalités à des doses bien plus faibles que celles admises aujourd’hui… »
Une troisième équipe bûche, elle, sur les prédateurs marins, oiseaux et mammifères, des sentinelles de l’environnement. Le CEBC a été le premier au monde, en 1990, à poser avec succès une balise Argos sur un grand albatros. Il a grandement contribué à préserver cette espèce menacée. « Il y a encore 30 ans, nous ne savions rien de ce que faisaient les animaux en mer », rappelle Christophe Guinet.
Face à « l’urgence écologique », le directeur du CEBC entend désormais « mieux transmettre l’information aux politiques et au grand public ». « Ici, nous démontrons que d’autres modèles fonctionnent. La société comme les agriculteurs peuvent en sortir gagnants. »
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