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Hommage à Jean-Christophe VICTOR

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Déjà deux ans. Deux ans depuis le premier matin sans Jean-Christophe Victor aux côtés du monde pour en éclairer les bruits et les mauvais présages et guider la réflexion vers l’intelligence et la raison.

Très affecté par l’élection de Donald Trump, par la « crise syrienne », mais aussi par la progression de l’extrême droite et par les attentats de Paris et de Nice en 2015-2016, il avait rassemblé, pour se rassurer, toute une série d’articles et autres papiers académiques consacrés aux bonnes nouvelles du monde, aux progrès occultés par une actualité trop sombre, et aux raisons de penser que tout n’était pas fichu. Ce furent ses dernières lectures.

Deux ans plus tard, quoiqu’il manque toujours autant, on se réjouirait presque qu’il ne soit plus là tant sa souffrance serait grande face au monde qui se défait à grand pas en précipitant l’humanité et ses propres enfants vers le chaos.

Viscéralement attaché à la démocratie et à la liberté de pensée qu’il a d’ailleurs été défendre jusqu’au cœur de l’Afghanistan, il serait profondément meurtri de voir qu’elles reculent partout ou presque, emportées par l’ignorance, les forces du marché et l’individualisme que ces dernières ont porté au rang de valeur universelle.

Humaniste convaincu, soucieux d’altérité, attentif aux droits de chacun mais aussi convaincu de l’apport civilisationnel de la mixité, il serait révolté par le manque de courage des États européens pour mettre en place une politique migratoire ajustée au réel et au possible plutôt qu’aux fantasmes et autres peurs que cultivent ensemble les mouvements réactionnaires et les réseaux sociaux.

Écologiste de la première heure et héritier des travaux de son père, il serait également affligé et surtout très inquiet en constatant que dans leur majorité, politiques, industriels et populations ne mesurent toujours pas la gravité des risques auxquels le réchauffement climatique et la dégradation de nos écosystèmes exposent l’humanité dans un avenir de plus en plus proche.

À n’en pas douter, il s’insurgerait aussi contre la croissance des inégalités qu’il dénoncerait tant par conviction personnelle qu’en s’appuyant sur les enseignements de l’Histoire et de la géopolitique quant aux risques qu’elles font courir à l’humanité.

Enfin, cofondateur d’une école alternative (Montessori) et créateur de l’émission « Le Dessous des Cartes », il militerait très certainement pour que l’on ajuste pédagogie et apprentissages au monde tel qu’il est et devient, plutôt qu’au désir des élites de prolonger le monde d’hier et d’en conserver l’ordre. Responsabilité, empathie, complexité, intelligence collective, audace, représentations, biosphère, écosystèmes, résilience : tels seraient les axes directeurs de l’enseignement qu’il préconiserait de mettre en place, bien au-delà de la transmission de savoirs dont, pour une large part, l’obsolescence est déjà programmée. D’ailleurs, puisse un jour une école ou un lycée porter son nom. Car ce serait le meilleur hommage que l’on pourrait rendre à sa formidable contribution pour enseigner l’Histoire-Géo et l’intelligence du monde.

En attendant, et pour vous associer à sa mémoire, vous pouvez retrouver ici deux hommages qui lui ont été rendus :

- Le premier, à la BNF, lors de la soirée poignante qui lui fut consacrée en septembre 2017. https://bit.ly/2So3axu

- Le second, beaucoup plus court, sous la forme d’un TedX à la Rochelle, en novembre 2018. https://bit.ly/2LEcrPs

Merci à ceux qui relaieront ou partageront pour lui rendre hommage.

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