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Des agriculteurs engagés dans l’agroécologie

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Dans les cultures que l’on aperçoit au loin, les teintes de couleurs se déclinent sous les rayons du soleil. Le jaune doré des champs de blé s’étire à vue d’œil. Dans les parcelles, les rangs sont mélangés, et les plantes, comme le blé, le colza, la féverole ou les lentilles, sont cultivées en association.
« Les impacts de ces cultures mélangées sont positifs », se réjouit François Michaud, céréalier à Thuré qui expérimente ces associations depuis trois ans. Mené par le Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam) et l’université de Poitiers, le projet Apach (Association de plantes en agro-écologie dans le Châtelleraudais), vise à démontrer les intérêts des cultures associées.
« Le but de la démarche était de valider scientifiquement ce qu’on voyait sur le terrain », explique François Michaud. « Nous avons testé des modalités, au sein des associations, pour voir s’il y avait une amélioration, une plus grande biodiversité », complète Julia Clause, maître de conférence à l’université de Poitiers.

Une barrière contre les aléas climatiques et les maladies

Sur le terrain, les effets des cultures associées sont clairement visibles. Mélanger les cultures présente plusieurs intérêts. Un intérêt économique d’abord : les rendements augmentent lorsque les plantes sont mélangées.
De plus, les effets d’aléas climatiques, qui impactent une plante en particulier, sont amoindris par la diversité des associations. « Chaque plante n’utilise pas les mêmes ressources. Les espèces se complètent », explique François Michaud. La biodiversité observée est également plus riche dans les cultures associées. Et les maladies, qui se concentrent sur une plante unique, sont limitées par « l’effet barrière » : les différences de plantes limitent la propagation des bioagresseurs.
L’expérience porte aussi sur le volet nutritionnel. Thomas Barthout, paysan et boulanger à Massognes, transforme ses céréales en farine puis en pain. Proposé à un panel de consommateurs, ce pain élaboré à partir de différentes familles de blé (pur et mélangé) présente des qualités nutritionnelles différentes.

Éducation au goût

« Avec du blé mélangé, on augmente la qualité protéinique des farines, et donc du pain », expose l’agriculteur. C’est plus intéressant d’avoir du blé mélangé pour le goût, les saveurs, la texture. » Entre les jeunes générations et les plus anciennes, davantage habituées à la diversité des goûts, les résultats divergent. Et soulignent l’importance de « la façon dont on goûte », partie intégrante de la démarche du Civam.
Débuté en 2015, le projet a été récompensé, le 2 juillet dernier, par le Grand Prix de la démarche collective des Trophées de l’agro-écologie, organisé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Une agriculture engagée donc, qui rappelle des pratiques anciennes, plus écologiques, plus attentives à la terre et aux cycles naturels, et qui favorise l’autonomie des agriculteurs. « On redécouvre ce qu’on faisait avant », se réjouit François Michaud, le sourire aux lèvres et le regard tourné vers ses parcelles.

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Mardi 2 juillet au ministère de l’Agriculture, le Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural du Châtelleraudais, collectif d’agriculteurs, a reçu le Grand prix de la démarche collective des Trophées de l’agro-écologie.

Mardi 2 juillet à Paris, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a remis les prix des Trophées de l’agro-écologie, en présence de Périco Légasse, président du jury national et de membres du jury.

Grand prix de la démarche collective

Le Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam) du Châtelleraudais a reçu le « Grand prix de la démarche collective », l’un des deux principaux prix de ce concours national.

« Ce prix souligne la priorité donnée à l’action collective d’agriculteurs et d’agricultrices engagés dans l’agro-écologie », écrit le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation dans un communiqué.

Un collectif de huit agriculteurs

Collectif d’agriculteurs créé il y a vingt ans, le Civam du Châtelleraudais expérimente quatre types d’associations de cultures en lien avec des chercheurs de l’Université de Poitiers : blé/protéagnieux, colza/légumineuses, prairies multi-espèces, mélanges de variétés de blé.

“ Ce prix nous offre une visibilité supplémentaire, aussi bien auprès des agriculteurs que des acteurs institutionnels.”

Le Civam du Châtelleraudais, au lendemain de la remise des prix à Paris.

Un chèque de 10.000 euros

L’association a reçu un chèque de 10 000 € de la part d’un partenaire du concours.

« Outre l’aspect financier, non négligeable pour une petite association comme la nôtre, ce prix nous offre une visibilité supplémentaire, aussi bien auprès des agriculteurs que des acteurs institutionnels », se réjouit l’association.

Le concours des Trophées de l’agro-écologie, créé en 2008, distingue « des porteurs de projets engagés dans des démarches innovantes, individuelles ou collectives, abouties et exemplaires d’une agriculture à la fois compétitive et particulièrement respectueuse de l’environnement, ainsi que des hommes et des femmes qui la font vivre », précise le ministère dans son communiqué.

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