
Dans le Courrier de l’Ouest du 6 Novembre 2019 :
L’aménagement de la zone Talencia 2 entraîne l’effacement des derniers vestiges du stade des cheminots, théâtre des premiers exploits sportifs des Thouarsais.
Nous sommes début janvier 1985. 2 500 spectateurs, en grande majorité des Thouarsais, s’égosillent autour du terrain. Nous sommes en Coupe de France, et le club sportif des cheminots thouarsais s’apprête à remporter son duel face aux Herbiers, pour affronter les grands Girondins de Bordeaux en 32es de finale. Le début d’une époque dorée pour le football thouarsais. Les derniers vestiges de l’équipement, témoin d’un passé sportif intimement lié au chemin de fer, s’apprêtent à disparaître dans le cadre de l’aménagement de la zone d’activités de Talencia 2.
Le stade sortit de terre en même temps que le vélodrome, en 1934, indiquent les archives du service Patrimoine de la Ville. Le parc des sports s’inscrit alors dans un projet de cottage social des chemins de fer français. Hiver comme été, nous avions éducation physique tous les matins, dit Pierre Saget, 92 ans, entré au club sportif des cheminots thouarsais (CSCT) dès 1943, en tant qu’apprenti à la SNCF. Le complexe comprenait trois terrains, et même un autre au niveau de la rotonde ferroviaire. Le vélodrome accueillera plusieurs arrivées du Tour des Deux-Sèvres et vécu la gloire de Maurice Clochard, le grand cycliste thouarsais de l’époque. Le 4 juillet 1936, Raoul Dautry, grand patron des chemins de fer de l’État, de 1928 à 1937, honore même de sa présence la compétition de « la grande nocturne ». Puis, la gloire du football prendra l’avantage sur le vélo, et la piste disparaît au début des années 70.
Le dimanche, les mecs qui travaillaient étaient agglutinés derrière le grillage, du côté de la voie ferrée. Et ils gueulaient, qu’ils gagnent ou qu’ils perdent », témoigne Jean-Noël Béguier, figure du CSCT tennis de table et ancien footeux. Ce terrain était d’une grande qualité. Il n’était jamais mouillé, car dessous, c’est du mâchefer (N.D.L.R. : le résidu de l’incinération du charbon dans les locomotives). Au niveau drainant, il n’y a pas mieux !
Ancien gardien et capitaine de l’équipe, Jean-Claude Épiard se souvient de l’atmosphère dans la grande tribune en bois aujourd’hui disparue. C’était extraordinaire. Les gens se mettaient dans l’ancienne pente du vélodrome. On tournait à 400 ou 500 spectateurs. Quand il y avait un derby Thouars-Bressuire, c’était 1 500 personnes. C’était une entité. Une place forte, même. Ce stade était quasiment imprenable. J’ai connu des saisons entières sans défaite à domicile. Les gens nous poussaient. Nous étions spéciaux par rapport aux autres. Il y avait une vraie culture.
La mémorable victoire contre Les Herbiers en 1985 signe la fin d’une époque. Le niveau avait progressé. Nous étions arrivés à l’heure du sponsoring et il y avait de nouvelles normes », explique Pierre Saget. L’équipe jouera en 3e division nationale dès 1986 et ce, jusqu’en 2001. Le nouveau stade (aujourd’hui baptisé « Philippe-Morin ») est inauguré aux Grands-Bournais en 1985. Seuls quelques entraînements ont lieu dans l’année qui suit. Il ne sera plus utilisé ensuite. Libero et capitaine emblématique, Yves Lucas sera le dernier cheminot. Et le CSCT deviendra le Thouars foot à la fin des années 90.
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Le Déclin de la gare de Thouars dû à une méprise !!