
L’écrivain et journaliste Philippe Lançon, auteur du « Lambeau » (prix Fémina, prix Renaudot spécial), avoue avoir été « surpris » par le succès de son livre qui est l’une des meilleures ventes de l’année. « Je n’imaginais pas que ça puisse toucher autant de lecteurs », a-t-il témoigné sur France Inter, jeudi matin.
C’est le récit d’un attentat, celui contre Charlie Hebdo en 2015, ce que c’est que de le vivre et d’y survivre, et aussi l’un des succès de l’année en librairie. L’auteur du Lambeau (prix Fémina, prix Renaudot spécial), l’écrivain et journaliste Philippe Lançon, assure avoir été surpris par l’engouement autour de son livre. « J’ai été surpris par le succès du Lambeau », dit-il à France Inter, invité jeudi matin du 7/9. « Quand on écrit un livre comme celui-ci, on est seul (…) Je ne pouvais pas imaginer que ça puisse toucher autant de lecteurs ».
Grièvement blessé lors de l’attentat contre Charlie, le 7 janvier 2015 à Paris, Philippe Lançon a du subir plus d’une vingtaine d’interventions chirurgicales, notamment au visage et à la mâchoire. Plus d’un an après la sortie du Lambeau, « ça va de mieux en mieux », dit-il. « Les procédures de soin sont toujours en cours, elles le sont pour un bout de temps (…) On vit avec la fatigue permanente, certaines douleurs. Ça nous accompagne », raconte l’écrivain.
Philippe Lançon : « Les victimes de Charlie Hebdo sont avec moi plus qu’ils ne l’ont jamais été de leur vivant »
Philippe Lançon est l’invité de Léa Salamé à 7h50 pour la sortie de son ouvrage Le lambeau (ed. Gallimard).
Il revient sur les « signes prémonitoires » qui ont entouré l’attentat à Charlie Hebdo et notamment Michel Houellebecq, dont le roman Soumission, sorti la semaine de l’attaque, plane sur les événements, malgré lui.
Dans les 60 pages consacrées à l’attentat, Philippe Lançon décrit, avec une précision extrêmement réaliste et sanglante, la scène mortuaire dans les locaux de Charlie Hebdo. « Je ne pouvais pas l’écrire sans la revivre mais je ne pouvais pas revivre la scène sans l’écrire » raconte-t-il, précisant qu’il a commencé l’écriture de ce roman par ces passages.
« Ils sont avec moi en vérité plus qu’ils ne l’ont jamais été de leur vivant » précise Philippe Lançon. « Ils sont devenus des gens qui m’accompagneront toujours et le minimum que je pouvais faire c’était d’aller le plus loin possible dans ce que moi je sais faire, l’écriture. »
« Je n’ai jamais été dans un état où je me suis dit ‘contrôle-toi, contrôle ta rage ou ta colère’, je pense que la colère m’aurait littéralement dissout » évoque-t-il encore, abordant le chagrin qu’il n’a non pas ressenti mais qu’il est devenu.
Dans Le Lambeau, Philippe Lançon rend aussi hommage à « sa » chirurgienne, Chloé, la femme qui lui a permis de se reconstruire. « Ce processus m’a appris que le patient est quelqu’un qui doit y mettre du sien, absolument, ce n’est pas un enfant ou un oiseau qui attend la béquée ».
Son nouveau visage, trois ans après l’attaque, « n’est pas si différent de ce qu’il était avant ». « Si je me regarde dans une glace ou sur une photo, c’est plus moi. C’est une vision psychologique, moi je sais que mon visage a changé mais c’est surtout à l’intérieur que j’ai changé ».
Philippe Lançon dédie le prix Femina à son père
Mon père est mort le jour où je recevais les épreuves de ce livre. Il n’a pas pu le lire. Et c’est à lui que je pense (…) On écrit évidemment avant tout pour les vivants, mais en pensant aux morts.