
En cette période d’incertitude et de tension liée à la pandémie du coronavirus et aux élections municipales, il est un événement qui détonne en suscitant l’émotion et une grande reconnaissance : le départ en retraite sportive de Martin FOURCADE.
Quel samedi, ce 14 Mars 2020, tu nous a fait vivre devant notre téléviseur qui retransmettait la poursuite de Biathlon en Finlande sur la chaîne l’Equipe.
Tu gagnes avec brio cette course devançant sur le podium, tes successeurs potentiels, Emilien JACQUELIN et Quentin FILLON-MAILLET. Même si tu rates de 2 points le Gros bloc de cristal promis à ton rival norvégien, Johannes BOE, on retiendra la manière dont tu conclus une carrière magnifique la plus titrée aux Jeux Olympiques.
Pourquoi as-tu suscité autant d’engouements, si justifiés auprès des Français? Ce que tu écris sur les réseaux sociaux dit tout de ton parcours, de ta personnalité :
« Il y a des décisions qui changent une vie.
Je me suis souvent demandé si cela avait été le cas lorsque je suis monté sur les skis pour la première fois, il y a 30 ans, dans mes Pyrénées natales. Je crois que j’ai plus simplement suivi cette trace dans la neige dessinée par mon frère Simon, comme beaucoup de petits frères… J’ai été encouragé par ces sensations de glisse et le bonheur d’évoluer dans cet environnement extraordinaire. J’ai aimé ça. Passionnément…
Peu à peu, grâce à des rencontres déterminantes et pour assouvir mon goût de la compétition, j’ai commencé à faire ma propre trace. Celle qui m’a façonné en tant qu’athlète mais surtout en tant qu’homme. Celle qui m’a permis de me jauger, de me mesurer, de savoir qui j’étais. De me construire.
De Vancouver à Oslo, face à Ole Einar Björndalen, Emil Svendsen, Anton Shipulin, Simon Schempp, Johannes Boe et tous mes autres adversaires – trop nombreux pour tous les citer -, j’ai réalisé mes rêves et vécu les plus belles émotions. J’ai combattu et j’ai gagné. J’ai souffert, aussi. Je suis tombé et je me suis relevé. Surtout, j’ai grandi. En ayant la chance inouïe de voir grandir mon sport. Des audiences télé extraordinaires jusqu’aux succès populaires des Coupes du monde au Grand Bornand, j’ai vécu en France et ailleurs une merveilleuse ascension. Celle du sport que j’aime, à qui j’ai dédié une belle partie de ma vie, et qui en retour m’a tout donné.
J’aurais pu m’arrêter au lendemain des Jeux Olympiques 2018 auréolé de trois nouvelles médailles d’or mais je devais encore suivre cette trace initiale. Elle m’a bien chahutée l’an passé mais ces turbulences m’ont permis de grandir encore. J’ai dû faire l’expérience de cette notion de résilience jusqu’à engranger, le mois dernier, deux magnifiques titres supplémentaires aux Championnats du monde. Seul d’abord et surtout avec l’équipe de France. Avec Émilien, Quentin et Simon, avec Fabien et Antonin. Avec toute l’équipe. Grâce à tous ceux qui nous ont précédés et pour tous ceux qui nous suivront.
Rebondir pour en arriver là, à ces moments de bonheurs partagés, fut le plus grand défi de ma carrière. Je crois que cette dernière mission a été accomplie, quelle que soit l’issue de cette saison.
Ma volonté de donner le meilleur de moi-même et de gravir des montagnes est toujours présente mais la suite de ma construction en tant qu’homme, en tant que père, doit désormais passer par d’autres voies, d’autres supports d’expression.
La passion que je voue à mon sport est intacte. Mon amour pour le sport en général, et les valeurs de dépassement de soi et de respect des autres qu’il transmet, est plus grand que jamais. C’est dans cet univers que je veux continuer à m’exprimer, à m’investir, à partager.
Au moment de vous dire au revoir, je suis si ému mais apaisé. Je me remémore ces lieux, ces visages, ces émotions qui ont jalonné ma carrière. Ces doutes et ces épreuves que j’ai surmontés, ces rêves réalisés. Je laisse une partie de ma vie derrière moi animé par l’élan de tout ce qu’il reste à construire.
Je veux aussi donner plus à ceux qui m’ont tant aidé car, en vingt années consacrées au biathlon, j’ai appris que nos relations constituent une part déterminante de ce que nous sommes. Je voudrais remercier ma famille et en particulier ma femme et mes filles pour leurs sacrifices et leur amour inconditionnel. Merci à mes parents d’avoir accepté mes choix, à mes frères de m’avoir poussé, chacun à leur manière, à devenir meilleur. Merci à mes adversaires et coéquipiers. Merci à mon équipe (entraîneurs, kinés techniciens) de vous être investis avec moi comme si vous étiez à ma place sur cette ligne de départ. Merci à mes partenaires d’avoir rendu cela possible. Aux médias de nous avoir accompagnés.
Enfin, merci à vous tous, en France, en Russie, en Allemagne, en Norvège, en République Tchéque, en Italie et partout où vous êtes; merci de m’avoir encouragé, supporté, aimé. Vous avez transformé cette carrière individuelle en aventure collective.
Il est temps de vous dire au revoir. Merci pour ce voyage. »
Martin.
Voilà ce que j’ai envie de te dire aujourd’hui :
Merci Martin pour cette apothéose et pour l’ensemble de ta carrière de biathlète. Merci pour la médiatisation de ton sport. Merci pour ton état d’esprit et merci pour les valeurs sportives et humaines que tu as portées.
On te souhaite une belle reconversion, tu as sans aucun doute encore beaucoup d’idées et de projets.
Ce n’est qu’un au revoir :rendez-vous dans les instances fédérales et olympiques, au ministère ??