
Le neuro-psychiatre a répondu à Ali Rebeihi dans l’émission Grand bien vous fasse consacrée à l’épidémie. Il a expliqué comment nos sociétés peuvent résister à cette crise et devenir résilientes.
BORIS CYRULNIK : « Les crises sont très fréquentes dans la condition humaine. Il y a eu des périodes de glaciation où il a fallu s’adapter en augmentant la chasse. Et pendant les périodes de réchauffement, il a fallu augmenter l’agriculture. On a déjà connu beaucoup d’épidémies qui ont contraint à des révolutions culturelles, à de l’adaptation.
Actuellement avec ce confinement, c’est la recherche interne que l’on doit viser
Avec la lecture, la cuisine va prendre plus d’importance, alors qu’auparavant, on mangeait sur le pouce de la nourriture industrielle. On va plus écouter la radio, de la musique. On va s’adapter en effectuant un repli sur soi, on va retrouver les valeurs de nos grands-parents.
A ceux qui s’inquiètent pour leur travail, leur famille, leurs enfants, je leur dis qu’il faut s’inquiéter de façon à prendre les mesures de protection. Si on les respecte, l’inquiétude va diminuer. En s’adaptant au confinement, il y aura beaucoup moins de raisons de s’inquiéter.
Il y aura des changements profonds, c’est la règle.
A chaque épidémie, ou catastrophe naturelle, il y a eu changement culturel. Après le trauma, on est obligé de découvrir de nouvelles règles, de nouvelles manières de vivre ensemble.
Au Moyen-âge, on n’avait pas compris qu’il fallait mettre en place le confinement : les gens infectés fuyaient emportant avec eux le bacille. Et en Europe, deux ans après l’épidémie de peste de 1348, un Européen sur deux avait disparu.
Quand l’épidémie s’est arrêtée, les valeurs sociales avaient complètement changé. On avait découvert les arts de la maison. Auparavant l’art était essentiellement religieux. On a vu apparaître le gibier et les fruits peints délicatement, les tapis sous les tables.
Et surtout, on a vu que les rapports de production avaient complètement changé : avant l’épidémie, la plupart des hommes, étaient considérés comme des serfs et étaient vendus avec la terre.
Après, il y avait eu tellement de morts que les survivants qui acceptaient de travailler, n’étaient plus des serfs : on a dû les payer pour qu’ils veuillent bien travailler. Les rapports de production et la hiérarchie des valeurs avaient été complètement transformés. »
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