
Diplômé en sciences économiques et en management des systèmes d’information, Aurélien Rousseau a fait toute sa carrière dans la publicité, d’abord chez TBWA puis chez Young & Rubicam. En 2011, il a co-fondé St John’s, une agence de communication qui place la responsabilité sociale et environnementale au cœur de son réacteur. Quand il n’est pas à son bureau, ce passionné de vélo soutient le développement de « Classics Challenge », une communauté cycliste qui a pour but de donner à tous les parisiens le goût de pédaler.
L’ADN Le Shift est né d’une volonté de vous inviter à vivre ce que nous vivons en tant que média : vous connecter à ces pôles d’énergie de l’époque, initier les rencontres, faire naître d’authentiques conversations, et créer des relations durables. Aujourd’hui, en pleine crise sanitaire mondiale, nous avons besoin plus que jamais de créer du lien, de nous rencontrer et de vous présenter celles et ceux qui pensent et font le monde de demain. C’est pour cette raison que nous avons souhaité publier, en cette période inédite, les portraits des premiers membres de L’ADN Le Shift. Un portrait, une rencontre.
En quoi consiste le « Classics Challenge » ?
Aurélien Rousseau : Classics Challenge vise à faire revivre aux Parisiens les courses cyclistes créées au début du 20ème siècle. Paris fut le point de départ d’un nombre incalculable de courses. Des courses aux allures de voyages, de Paris à quelque part. Certaines d’entre elles sont devenues des mythes, en premier lieu Paris-Roubaix. D’autres sont tombées peu à peu dans l’oubli. Nous avons souhaité faire renaître ce patrimoine à l’aide des nouvelles technologies. Nous proposons aux Parisiens de se retrouver chaque mois autour des valeurs de liberté, de gratuité et de fraternité. C’est un véritable succès. En l’espace de trois ans, nous avons fédéré une communauté de plus de 6000 personnes.
C’est un moyen pour promouvoir les mobilités douces ?
A.R. : Ce projet rejoint mon métier de publicitaire, l’idée étant de faire vivre un patrimoine et de s’inscrire dans une dimension sociétale. Pour moi, le vélo est la plus belle des inventions de l’homme. Il questionne la mobilité mais aussi le rapport à l’urbanisme, à la santé, au temps, à notre manière d’appréhender un territoire… Cela réancre les gens dans le local. Aujourd’hui, notre but est de créer un lieu à Paris où les gens pourront découvrir les cultures « vélo ». Avec les grèves de novembre et décembre dernier, beaucoup de parisiens se sont aperçus qu’ils vivaient à seulement 30 minutes à vélo de leur entreprise… Et qu’ils pouvaient très bien se passer de leur voiture pour aller travailler. Ce qui m’intéresse au travers de ce projet, c’est qu’il participe à son échelle au changement de société auquel nous sommes appelés. Il n’est plus possible de compter sur le pouvoir politique pour mettre en marche ce changement. La société civile a un rôle à jouer.
C’est le message que vous essayez de transmettre dans votre métier de publicitaire ?
A.R. : Aujourd’hui, les citoyens font bouger les entreprises. Les collaborateurs ont autant d’impact que les consommateurs. Ils exercent une pression sur les entreprises particulièrement importante. Elles doivent donner un sens à ce qu’elles font. Le marketing doit se réemparer des questions de société avec intelligence. La marque ne peut plus être envisagée comme un bouclier entre l’entreprise et le consommateur. Parce que la raison d’être de l’entreprise est au moins aussi importante que sa performance financière, la marque ne peut plus être réduite à un instrument de séduction au service de performance commerciale. De fait, nous travaillons sur une intégration forte des valeurs environnementales et sociétales dans notre manière d’accompagner les marques. Elles doivent penser leur contribution à la société.
Quelles leçons tirer de la crise ?
A.R. : On a pu mesurer à quel point la mondialisation a créé des dégâts. A l’évidence, la crise questionne la relocalisation des activités tout en sachant que cela aura un impact non neutre sur les prix et les budgets des ménages. Nous avons également mesuré à quel point la structure sociale de notre société est fragile. La crise a agi pour beaucoup comme un révélateur. Les personnes réquisitionnées pendant le confinement (caissières, manutentionnaires, personnels de santé , profs, routiers, flics… ) sont les moins rémunérées et assurent pourtant les fonctions essentielles de notre pays. Cela interroge forcément la répartition des richesses. Avec le confinement, une autre frange de la population a gouté à la frugalité. Pour certains, un autre rapport à la vie, à la consommation et au travail va probablement se dessiner.
Un défi pour 2020 ?
A.R. : Je souhaite que cette période soit propice à la réflexion et à la mise en œuvre de pratiques nouvelles. J’aimerais qu’au sein de St John’s, nous réinterrogions notre manière d’envisager notre métier et notre manière de l’exercer. On ne peut pas sortir de cette crise sans questionner notre rapport au travail. Le télétravail généralisé a été une belle expérience. Il est impératif de le penser avec chacun, de mesurer son impact sur notre créativité, sur notre équilibre de vie et sur la culture de l’entreprise.
Aurélien Rousseau est membre de L’ADN Le Shift – le collectif des Nouveaux Mutants.
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