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Ce que le Château d’Oiron doit à Madame de Montespan

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Du passage de Madame de Montespan début 1700 au château d’Oiron, il reste des constructions, faïences et un tableau à l’Ehpad dont elle jeta les fondations.

Du passage de Madame de Montespan, il y a trois siècles, il reste des réalisations et des traces au château d’Oiron édifié à partir du 16e siècle par la famille seigneuriale des Gouffiers. Patricia Beaumont, agent d’accueil au château et guide-conférencière explique qu’« elle a fait construire le pavillon et la tour des Ondes » à droite quand on pénètre dans l’enceinte du château, en miroir avec ceux situés à l’extrémité de l’aile gauche « pour achever la symétrie ».

À l’origine de la maison de retraite Est-ce pour orner ces nouveaux éléments ?

Toujours est-il que Madame de Montespan passa commande de faïences de Nevers qui ne seront jamais posées avant son décès en 1707. « Au début du 19e siècle, les propriétaires d’alors les avaient fait poser au sol d’une pièce mais ils ont ensuite été retirés, voyant peut-être qu’ils s’abîmaient, puis posés sur les murs de ce qui est désigné aujourd’hui comme la bibliothèque ». Chacun peut toujours admirer ces carreaux aujourd’hui, dans la partie droite du corps central.

On peut aussi voir la chambre de la propriétaire des lieux dont le parquet en chêne et les boiseries, comme les éléments de son cabinet boisé, seraient d’époque. La cheminée, c’est moins sûr, mais la plaque au fond, c’est certain, marquée 1700 avec le blason de la famille. Pour le reste, soit dit au passage, le visiteur ne trouvera pas de reconstitution de la pièce d’époque, le château ayant été racheté par l’État en 1941 quasiment vide, devenu centre des monuments nationaux dévolus à l’art contemporain dont il constitue un haut lieu aujourd’hui.

À Oiron (Plaine-et-Vallées aujourd’hui), Madame de Montespan a laissé une autre réalisation. Sur d’autres terres qui lui appartenaient dans la commune, près du bourg, « elle a fondé et financé L’Hospice de la Sainte-Famille qui accueillait des malades, des personnes âgées, des enfants abandonnés et qui est devenu la maison de retraite aujourd’hui ». À l’intérieur, plus de trois siècles plus tard, le souvenir de Madame de Montespan y plane toujours à travers un tableau de 1,55 m sur 2,15 m la représentant sous un jour flatteur dont elle avait fait don. « On peut toujours le voir dans la chapelle de la maison de retraite ».
Après son décès en 1707 lors d’une cure à Bourbon-l’Archambault, « son fils s’est empressé, après un inventaire, de faire vider le château » appelé à résider auprès du roi en sa prestigieuse qualité de son « directeur des bâtiments ». « On ne sait même pas s’il est venu. Il a sélectionné des objets ayant appartenu à sa mère qui sont allés agrémenter ses autres propriétés ». Le château restera toutefois dans la famille jusqu’en 1772 mais « pendant quasiment tout le 18e siècle, le château ne sera pas habité, ce qui le fragilisera ». Des programmes de restauration successifs s’emploient à redonner au château sa magnificence. À commencer par sa galerie de peintures, extraordinaire du sol au plafond, qui subit plus tard aussi, les affres du temps, reléguée à un moment au rang de vulgaire grenier à grains !

Parcours de femmes : quand l’ex-favorite du Roi-Soleil s’installa à Oiron

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Le château d’Oiron conserve des traces de Madame de Montespan. Tombée en disgrâce, la favorite de Louis XIV s’y installa en 1700 à 60 ans.

Parmi les femmes célèbres qui vécurent en Deux-Sèvres figure Madame de Montespan qui acquit le château d’Oiron à la fin de sa vie. Native en 1640 de la Vienne voisine (Lussac-les-Châteaux), Françoise de Rochechouart de Mortemart était bien née, appartenant à une famille de la noblesse française. C’est son mariage, en 1663, avec le marquis de Montespan qui lui vaudra son nom de Madame de Montespan. « Avec son mari, elle a eu deux enfants mais sa fille est morte jeune, il lui est resté un fils », raconte Patricia Beaumont, agent d’accueil au château d’Oiron et guide-conférencière, chemin faisant vers le château.

Une « favorite » détrônée par la gouvernante de ses enfants

Mais si Madame de Montespan a marqué l’histoire, c’est davantage par sa relation avec Louis XIV, épris de ses charmes et de son esprit. Elle deviendra sa maîtresse à partir de 1667 et rayonnera à Versailles pendant une dizaine d’années. De leur union illégitime naîtront sept enfants. Ironie du sort, c’est Madame de Maintenon, native de Niort, qui sera désignée gouvernante de leurs enfants et… qui prendra sa suite en tant que favorite dans le lit du roi. Madame de Maintenon sera « la dernière dans la vie de Louis XIV et quand il est devenu veuf, on pense qu’il y a eu un mariage secret », rappelle Patricia Beaumont.

« Souvent, les biographes évoquent le repentir »

Avançant en âge et visiblement moins attirante aux yeux du roi après ses neuf grossesses, Madame de Montespan, elle, tombera en disgrâce. Notamment après les soupçons d’empoisonnement d’une (nouvelle) favorite du roi et « on dit aussi qu’elle aurait pu préparer des potions pour garder l’amour du roi ».

Qu’est-ce qui la pousse donc à venir en Deux-Sèvres et acheter le château d’Oiron en 1700 alors qu’elle est âgée de 60 ans, pour s’y installer durablement ? « Elle s’est coupée du monde, oui, en se rapprochant également de sa sœur, abbesse de Fontevraud. Souvent, les biographes évoquent le repentir, qu’elle se serait isolée, se perdant dans les prières » après une vie davantage tournée vers les plaisirs que la dévotion. « Son but était aussi de le transmettre à son fils légitime, le duc D’Antin. » L’achat aurait été réglé grâce à un collier de perles ! « Le roi lui aurait offert ce très beau collier qu’elle lui aurait rendu et en échange, il lui aurait donné l’argent avec lequel elle aurait acheté le château. »
Sept ans après son installation à Oiron, Madame de Montespan rendait son dernier souffle en 1707, lors d’une cure à Bourbon-l’Archambault (Allier). De son illustre propriétaire, le château a conservé des réalisations que l’on peut observer encore aujourd’hui.

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