Accueil Culture C’était quoi avant ? Retour aux ateliers de Tuar, la mythique marque automobile thouarsaise

C’était quoi avant ? Retour aux ateliers de Tuar, la mythique marque automobile thouarsaise

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Au carrefour de l’avenue Leclerc et du boulevard Jean Jaurès, le Foyer Laïc a conservé une partie de l’usine TUAR. Un bâtiment bientôt centenaire.

Il n’en existe plus qu’un seul exemplaire au monde : la Tuar, la marque automobile thouarsaise, produite à seulement 250 exemplaires en douze années, a bien failli ne plus exister que dans les archives. Ce mythe local a pourtant laissé une trace bien plus visible dans la pierre : à l’angle de l’avenue Victor-Leclerc et du boulevard Jean-Jaurès, ce que tout le monde connaît comme l’ancien Foyer laïque est en fait ce qu’il reste du Garage Moderne, les ateliers d’assemblage de la Tuar.

Gérant d’un garage à Boulogne-Billancourt, originaire de Brion-près-Thouet, le jeune Adrien Morin fait construire cet immense atelier en 1913, pour y lancer la construction de la première et seule marque automobile nord deux-sévrienne du début du XXe siècle.

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« Ils faisaient leurs essais sur la route de la Croix-d’Ingand »

Sur plusieurs milliers de mètres carrés, on y trouve un atelier de carrosserie, un atelier de montage, un magasin de pièces détachées… Le bâtiment s’étend tout le long du boulevard Jean-Jaurès, et jusqu’à l’actuelle médiathèque, boulevard Bergeon. « Comme la plupart des marques de l’époque, ils ne fabriquaient pas le châssis, ni le moteur », » précise Daniel Fouchereau, auteur d’un livre sur Tuar sorti en 2009 (stock aujourd’hui épuisé).

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L’assemblage des Tuar déménage au bout de seulement sept ans, plus bas dans la rue, à l’actuel rond-point de la Vasque, dans le même bâtiment qu’occupe aujourd’hui une célèbre enseigne de pizzas. « À la fin, ils étaient une trentaine d’ouvriers. »

« C’est là que mon père a appris la mécanique »

« C’est là que mon père a appris le métier de mécanicien. Avec Adrien Morin, ils faisaient leurs essais sur la route entre Thouars et la Croix-d’Ingand » [à Mauzé-Thouarsais, N.D.L.R.], relate Daniel Fouchereau. « Il me racontait comment ils ont participé aux courses automobiles sur les plages des Sables-d’Olonne et de La Baule. »

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Les 250 modèles produits trouvent acquéreurs auprès des notables locaux et angevins, mais aussi… au Maroc. « Adrien Morin était en rapport avec un garage à Casablanca. » Mais l’entrepreneur a beau être passionné, il n’a pas l’âme d’un capitaine d’industrie. La trajectoire de la Tuar s’avère éphémère : elle s’arrête dès 1925. Apprenti d’Adrien Morin, le père de Daniel, Marcel Fouchereau, reprendra en 1930 une partie de l’activité pour fonder, avec René Chauvin, un garage (devenu plus tard Renault), place du Boël.

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Un dernier exemplaire

De l’auto à la calandre flanquée d’un grand « T », ne subsiste donc plus qu’un seul exemplaire connu, acquis et patiemment restauré par Daniel Fouchereau, encore lui. Il en a fait don à la Ville, il y a sept ans. « C’était mon souhait afin que la collectivité puisse financer la fin de sa restauration puis l’exposer. On attend toujours… »

Passionné d’histoire, Adrien Morin se reconvertit dans l’assurance et devient, à titre bénévole, conservateur du musée Henri-Barré. Son développement doit énormément à l’érudit garagiste. Comme un clin d’œil, la Tuar fait aujourd’hui partie de ses collections.

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L’Étoile de l’Ouest, puis le Foyer laïc

Que devient alors le fringuant Garage moderne ? Dès 1920, Adrien Morin échange son bâtiment avec celui du magasin de l’Étoile de l’Ouest, installé, comme on l’a vu, près du rond-point de la Vasque. Contrairement à Adrien Morin, le commerce était à l’étroit et se développait beaucoup, à tel point qu’il fait rapidement construire un autre bâtiment, encore plus grand, en périphérie de la ville. La mairie va racheter l’ancienne usine dès 1930 pour la transformer en salle de loisirs, le Foyer laïc, que toute une génération va fréquenter pour des bals et des banquets.

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La suite ? Une grande partie des bâtiments va être détruite dans les années 70 pour construire l’actuel centre Jacques-Prévert, qui, vu d’aujourd’hui, a très mal vieilli. Qui sait, ce qu’il reste de l’atelier plus que centenaire survivra peut-être à la destruction de Prévert…

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