
C’était quoi avant ? 5/5. À Thouars, ces bâtiments existent encore… Mais on a oublié leur étonnant passé. Dernier épisode de notre série : l’Automarché, Simca et Peugeot, devenus des commerces et bureaux.
La démocratisation de l’automobile, avant et après guerre, a laissé un important héritage dans les rues de Thouars. Si vous n’y avez pas vous-mêmes acheté votre première 404 ou Vedette, saviez-vous que ces bâtiments parfois emblématiques ont d’abord servi à vendre des voitures ?
De Simca à Prométhée
C’est l’histoire d’une saga familiale qui débute rue Victor-Hugo, au début des années 1930. René Géront et son épouse Jeanne y installent un garage, qui demande vite à s’agrandir. Le couple fait construire son nouveau en face de l’ancien. Bien connu des Thouarsais, le bâtiment existe toujours : Prométhée, actuel centre socioculturel. Pendant de longues années, on y vend et on y répare des automobiles Simca. Le fils Michel Géront, prendra la suite au côté de son beau-frère, Joseph Chauvin. Le garage déménagera en 1986 pour la route de Saumur, où il devient Talbot, puis Peugeot, avant de s’installer en 2017 avenue de Diepholz. En 1993, la société vend le bâtiment de la rue Victor-Hugo au Pays Thouarsais (ex-Communauté de communes), qui y installe ses bureaux et le baptisera plus tard « Prométhée ». Jusqu’en 2019 où la collectivité propose au centre socioculturel d’y poser ses valises.
Le centre socioculturel n’a pas complètement coupé avec l’automobile : il accueille la Maison des mobilités, qui propose, entre autres, de la location solidaire de véhicules.
De l’Automarché à… Noz
Allons un peu plus loin, dans l’avenue Emile-Zola, qui était encore la nationale 138. Ce bâtiment attirait tous les regards. Pour les modestes ménages, c’était un moyen de s’offrir une voiture moderne à pas cher, dans une vitrine qui mettait en valeur le véhicule comme personne. Oui, il a bien été transformé et a un peu vieilli, le flamboyant Automarché Thouarsais. Créé par Michel Géront et Joseph Chauvin, le bâtiment qui abrite aujourd’hui l’enseigne Noz, était, de 1960 à 1973, l’une des premières grandes vitrines de voitures d’occasion de la région. « C’était quelque chose d’incroyable, de très novateur pour l’époque », » dit Thierry Talbot, PDG du groupe Autodistribution Talbot, un des héritiers de la société fondée par la famille Géront. L’architecture, façon showroom à l’américaine, est elle aussi très novatrice. L’audacieuse structure va cependant fermer peu après le décès de Michel Géront dans un accident.
L’Automarché renaît sous une nouvelle forme : on y installe, dès les années 1970, le premier centre du grand distributeur E. Leclerc sur le territoire, avant que ce dernier ne s’agrandisse dans la zone d’activités de Thouars/Sainte-Verge. « Mon beau-père, Joseph Chauvin, était très ami avec Michel Cognet, le créateur du Leclerc. Ils avaient été tous les deux commerciaux en produits alimentaires chez Rivoire et Carret. Leclerc a donc démarré dans l’Automarché. » Un autre détaillant a aujourd’hui pris sa suite, le soldeur Noz.
De Peugeot à… la Ménagère
Après la guerre, les marques Peugeot et Simca sont les étoiles montantes de l’automobile française, au point de ravir sa place à Citroën sur le podium des constructeurs nationaux, derrière Renault. « Ça se voit aussi au niveau local », » souligne Sébastien Maurin, du service patrimoine de la ville. Déjà installée place Lavault, la marque Peugeot jusqu’ici discrète, construit juste avant la guerre un bâtiment qui se distingue encore aujourd’hui… La marque va y rester jusqu’à la fin des années 1960. Les lieux dotés d’une surface intérieure de pas moins de 500 m² deviennent alors une supérette. Les Thouarsais le connaissent davantage, aujourd’hui, comme le magasin À la Ménagère, qui y restera une vingtaine d’années, jusqu’en 2017 avant de devenir Mystérieur. Aujourd’hui vide, il a été récemment racheté par une agence immobilière qui prévoit d’y déménager ses bureaux thouarsais.