
Bonjour à toutes et à tous, je me nomme Erika** et je suis célébrante pour la coopérative funéraire Syprès*.
Nous sommes réunis aujourd’hui pour dire au revoir à Louisette , mais aussi pour lui dire un grand merci et lui rendre hommage en célébrant sa vie.
Louisette est née le 11 Juin 1922 à Parthenay dans les deux Sèvres de parents originaires de Monsireigne, la seule enclave protestante de Vendée.
D’un papa maréchal ferrant, en charge des chevaux de la garde républicaine et d’une maman mère au foyer. Elle est la cadette d’un grand frère de 10 ans son aîné. Elle entretient une relation fusionnelle avec sa maman, elle est un peu élevée comme une fille unique.
Louisette perd ses parents lorsqu’elle a 25 ans, d’abord son papa et un an plus tard, sa maman, tous les deux atteints d’une maladie pulmonaire.
C’est une épreuve difficile à vivre pour une si jeune fille. Heureusement elle a déjà rencontré celui qui deviendra son mari au bal des pompiers en l’honneur de la Sainte Cécile, animé par un orchestre dans lequel Robert joue de la clarinette. Elle se sent moins seule à ses côtés, il est d’un bon soutien.
Le couple s’installe alors chez les parents de Robert. Ils se marient en 1947 non sans que Louisette se convertisse au catholicisme pour entrer dans sa nouvelle famille très croyante. Puis ils s’installent ensuite dans leur propre logement et accueille en 1949 leur première fille Monique.
Quatre ans plus tard, c’est au tour de Martine, la deuxième fille, de faire son apparition dans la famille.
Louisette est couturière. Après son certificat d’étude, elle entre en apprentissage chez une patronne avant de s’installer à son compte.
Elle a deux ouvrières sous ses ordres. Son atelier occupe une partie de l’étage de la maison familiale.
Robert, son mari est comptable dans une coopérative agricole, il gagne bien sa vie, c’est pourquoi quelques années plus tard, Louisette cessera son activité pour se consacrer à l’éducation de ses deux filles.
Monique et Martine vivent une enfance et une adolescence heureuse et choyée. Martine est plus proche de sa maman pendant que Monique accompagne son père au stade pour assister à des compétitions d’athlétisme et à des matches. C’est un papa gâteau, protecteur pour sa petite tribu de femmes.
Louisette et Robert sont proches de leurs nièces et d’Hélène, leur mère, qui habitent dans le même quartier.
Louisette coud les tenues de ses filles, les siennes également, elle fait attention à son image, elle y attachera de l’importance jusqu’à la fin de sa vie.
Le week-end, la petite famille part à la pêche au Vieux Parthenay avec des amis, les Daguerre, ou dans la forêt de la Saisine pour y cueillir du muguet ou encore à l’étang de Magot, lieu de prédilection des filles. Le temps des vacances, c’est le camping au bord de la mer mais aussi dans les Pyrénées ou encore dans le Puy de Dôme.
Les filles sont encouragées dans leurs études, elles sont soutenues dans leur choix. Monique étudie les lettres modernes à la Fac de Poitiers et Martine, qui étudie le chinois projette de s’installer à Taiwan. C’en est trop pour Louisette, elle ne peut se résoudre à laisser partir sa fille si loin. Martine changera de cap et finira néanmoins par s’éloigner de la maison pour s’installer en Angleterre. Elle y rencontre son mari avec qui elle a deux fils, Simon et Stéphane.
Louisette et Robert vivent mal cet éloignement, mais en profitent pour commencer à voyager à l’étranger en leur rendant visite à Londres d’abord, puis à Gamlingay. Ils poursuivent sur cette lancée à la retraite de Robert en faisant des escapades avec leurs amis au Maroc, en Andalousie, aux Baléares et aux Canaries.
En 2002, Martine décède suite à une maladie qu’elle a contractée et qui n’a pas été décelée à temps. C’est le coup de massue pour le couple.
Robert déclenchera quelques temps plus tard, la maladie d’Alzeimer .
Louisette affronte ces terribles évènements entre la perte de sa fille et la maladie de son mari mais, il est de plus en plus difficile à gérer, et il terminera ses jours dans un établissement spécialisé où il mourra en 2007.
Louisette a plus de 80 ans, elle est toujours bon pied, bon œil, elle s’assume et se gère mais elle émet le souhait de s’installer dans une résidence autonome à Thouars, dans les deux Sèvres. Elle ne le dit pas comme çà mais elle veut certainement soulager sa fille Monique et son gendre Hubert qui ont toujours été là pour elle.
Louisette y restera 15 années, rythmées par sa bonne humeur, les joies des jeux de société avec les autres résidents mais aussi le chant.
Elle y fêtera ses 100 ans en grandes pompes avec Chorale et pièce montée.
Louisette c’était une grand-mère gâteau qui a profité pleinement de son petit fils Aurélien qu’elle a gardé quand il était enfant, surtout quand il était malade lorsque ses parents travaillaient. Il en restera quelques images comme les bains dans la grande bassine en zinc sur la terrasse ou la découverte du fameux 4 roues dans les allées du jardin.
Elle aura connu aussi ses arrières petits enfants, les jumeaux, ses petits bijoux comme elle disait mais aussi Nina, fille adoptive d’Aurélien qui venait partager les repas avec Louisette à la résidence, lorsque le menu affichait moules/frites.
Simon et Stéphane, ses petits fils anglais, ainsi que Phoebe, la petite fille de ce dernier n’auront pas eu la chance de partager autant de moment avec leur grand-mère mais, malgré la distance, le lien existe et il est fort.
Louisette était aussi une lectrice assidue, qui avait toujours un roman en court, une joueuse de rami, de belote et de scrabble, elle aimait aussi regarder le foot, le rugby et l’athlétisme à la télévision, habitude qu’elle avait prise avec Robert et les filles. Une mélomane surtout quand il y avait de la clarinette, ça lui rappelait son Robert. Une amatrice de bons films et de documentaires, une gourmande qui disait, quand on la servait « non,c’est trop, je ne pourrai pas tout manger» mais qui mangeait tout, une femme qui prônait le respect de l’engagement, la valeur travail et celle de la famille, une femme exigeante, une femme coquette, toujours apprêtée, une femme qui s’était apaisée avec le temps et qui savait désormais dépasser sa pudeur et dire « je t’aime » à ses proches.
Une centenaire qui s’est éteinte le jour de l’anniversaire de feu son mari qui doit l’attendre de pied ferme, depuis le temps!!
*Coopérative funéraire Syprès : https://sypres.fr/
** Erika BATAILLE célébrante laïque – portrait : https://sypres.fr/portrait-derika-bataille-celebrante-laique/